samedi 28 janvier 2012

Les premiers pas du SMED (Single Minute Exchange of Die)

 

L'outil SMED

Comment diminuer les temps de changement d'outillage ?


Une valeur non-ajoutée bien cachée

Lorsqu'on observe un poste de travail le changement d'outillage n'est pas forcément ce qui saute aux yeux dans son amélioration.
Tout d'abord, on ne peut le remarquer que quand il y a changement d'outillage comme dirait monsieur de Lapalisse.
Ces opérations ponctuelles n'attirent l'attention que quand elles représentent des temps très importants, comme par exemple lors de la manipulation d'outillages pesants ou difficiles à régler.
Cependant, une autre variable devrait être prise en compte : la fréquence de changements d'outillage.
La répétition d'opérations pénalisantes, même avec un temps court, mais ayant une fréquence très importante peut occasionner des pertes de temps conséquentes, une fois cumulées sur une période longue (une année par exemple).
En y réfléchissant de plus près, c'est là une des raisons qui a poussé les constructeurs de machines-outils à automatiser les changements des outils.

Comment identifier les postes à coûts cachés ?

Question difficile, de mon point de vue, il faut les prendre tous et les revoir sans cesse. Mais bon, il faut bien commencer quelque part, comme il a été dit plus haut, les outillages lourds ou à réglages longs ainsi que les changements fréquents, devraient être prioritaires.
Je pense préférable de porter son choix sur ces dernières. En effet, elles attirent moins l'attention que les deux autres, de plus, elles ont fait l'objet d'attentions particulières de la part des bureaux des méthodes.

En quoi consiste la méthode S.M.E.D. (Single Minute Exchange of Die) ?

Sans être un traducteur chevronné, on peut traduire par une formule approximative comme :"Une seule minute pour changer de série".
En fait le nom de cette méthode, qui se rapproche plus d'un concept, donne l'idée de ne pas interrompre le flux physique de production.
Initiée par Toyota, elle fait partie de l'arsenal d'outils d'amélioration de production de la TPS (Toyota Production System), elle ne peut donc se dissocier de l'ensemble du concept qualité de la TPS.
En occident, nous avons extrait ce concept pour un faire une méthode. Le concept doit s'accorder avec le reste des actions menées en entreprise, alors que qu'une méthode peut être utilisée de façon ponctuelle.
Bref, la première opération consiste à identifier les opérations externes et internes ; Quesako ?
Les opérations externes
Activités qui se réalisent pendant que la machine produit.
Les opérations internes
Activités qui imposent l'arrêt de la machine pour pouvoir intervenir.
Dès lors, le but du jeu, consiste à transformer les opérations internes en externes. Facile à dire, mais plus difficile à faire...

Comment s'y prendre ?

Tout d'abord, l'observation minutieuse d'un changement d'outillage rend l'analyse plus précise et plus crédible.
Il ne faut pas se contenter de solutions à la sauvette, élaborées "sur un coup de tête".
Il faut passer du temps !
Sinon on s'expose à une mise en œuvre d'un même niveau de qualité que sa conception.
Dans certains cas, on peut aussi constater l'effet inverse, et là, le mal devient profond, non de par l'échec, mais plutôt pour le message envoyé aux opérateurs. Où, en substance, on leur dit : "Ne passez votre temps à réfléchir, ça ne marche pas".
Vous comprenez pourquoi il faut parler de concept et non pas de méthode.

Méthode d'observation des opérations internes et externes
Le mieux, filmez vos opérations de montage-démonatge d'outillage à l'aide d'une caméra numérique, voire d'un téléphone portable, si vous n'avez pas les moyens de vous la payer.
Pourquoi un film ?
Tout simplement pour faciliter l'analyse, la lecture sur un ordinateur, où l'on peut, avec le curseur avancer, reculer et se positionner à l'endroit exact de la situation à décortiquer.

Suite de l'article

La possibilité de suivre les enchaînements de gestes, donne une bonne indication ergonomique des opérations de manutention et de réglage.
Sur ce dernier point, les images rendent parfois compte d'éléments indirectes, comme par exemple des couleurs pour des éléments de chauffe, des évaporations, de légères fuites ou suintements. Bien que ces informations ne soient pas fondamentales, leur recoupement avec d'autres indications, orientent les choix techniques des solutions.
Le repérage des temps par l'enregistrement de la camera procure, sans effort particulier, une précision plus qu'appréciable.
Indexez votre vidéo
Pour travailler de façon professionnelle, un petit investissement s'impose : L'achat d'un logiciel de montage vidéo (comme CAMTASIA par exemple).
Il vous servira à indiquer sur le déroulement des images les endroits de votre film où vous voulez effectuer une recherche approfondie.
Par exemple, on sélectionne les endroits où les opérateurs effectuent des efforts physiques importants et on les situe dans la suite des opérations et dans l'environnement (chaleur, degré hygrométrique, hygiène) ; la transpiration due à la présence de four dans une boulangerie industrielle.
Quels critères prendre en compte ?
A partir du film construisez un tableau de synthèse, où vous ferez apparaître les repères du film, les temps d'exécution, le type d'opération (réglage, positionnement-manutention, nettoyage ou branchement), n'hésitez pas à utiliser des abréviations.
Vous avez à votre disposition un outil ; "L'Analyse de déroulement" qui possède une méthodologie d'analyse, ainsi que des symboles
Désignation
Symbole
Opération ( qui ajoute de la valeur ajoutée / qui contribue à un changement d’état ) vide si temporaire
plein si définitif
Déplacement ( transfert de produits d’un poste à un autre )
Contrôle ( qui permet d’apprécier le niveau de qualité )

Attente ( retenue temporaire aléatoire du flux ayant pour origine des contraintes d’organisation ou de ressources )

Stockage ( retenue programmée du flux )


Effectuez des regroupements par fréquence de critère (les temps les plus longs, les opérations récurrente) et appliquez la formule de décision Améliorer, Permuter, Combiner, Éliminer (APEC, personnellement je retiens cette formule par cet anagramme)
Il suffit alors de comptabiliser et d'employer des outils de résolutions de problèmes (Pareto, vote pondéré et autres) suivant les objectifs d'analyse que vous vous êtes fixés.

Avec quels partenaires travailler ?

Le groupe de travail devrait comporter une représentation des tous les techniciens pouvant contribuer à la mise en œuvre de solutions.
Les opérateurs : experts dans la manipulation des outillages ;
Le service des méthodes : apports de solutions techniques
Les responsables des ateliers : apports dans l'organisation et la distribution des tâches en fonction de l'environnement de travail.
Des fournisseurs : N'hésitez pas à mettre à contribution ces partenaires de l'entreprise par des tests de nouveaux produits en situations réelles, après tout, c'est du gagnant gagnant !

Michel Watrin
http://ginalex.free.fr/







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