dimanche 31 décembre 2023

Données Techniques : Les temps

Le temps - taylorisme.md

Les Données Techniques : le calcul des temps opératoires

Introduction

Analysons les données principales de gestion de flux, elles se retrouveront obligatoirement dans la documentation technique.
Pour comprendre la raison pour laquelle le système de production choisit telle ou telle valeur, il faut se prendre en compte les ressources disponibles.
La ressource la plus limitée correspond au temps de travail, autrement dit à la main d'oeuvre.

Chaque salarié dispose d'un temps limité de travail suivant les réglementations des différents pays et des différentes époques. Exemple: aujourd'hui les ouvriers sur une chaîne de montage travaillent 35 h/semaine. Il y a 30 ans de cela, le temps de travail normal se situait à 39 h/semaine.

La difficulté supplémentaire concernant les salariés concorde avec leur niveau de qualification. Par conséquent, leur remplacement devient un élément délicat dans le management de la production.

Le Taylorisme

Vous avez sans doute entendu parler de Taylor au cours de vos études.
Revenons un peu sur le personnage afin de comprendre sa démarche. Ceci me semble utile car aujourd'hui il existe beaucoup d'auteurs pour critiquer son travail.

Pour bien comprendre le raisonnement de Taylor, il faut se replonger dans le contexte de son époque. Au début du 20 eme siècle, la révolution industrielle bat son plein. La croissance de l'industrie possède un tel niveau que les système de production, inspiré de l'artisanat, se trouvent complètement dépassés.Aiguiseur 19 eme siècle.jpg

Le résultat de cette désorganisation donne des gaspillages énormes, des coûts de revient importants et des salaires faibles car proportionnels aux quantités produites.

Pour obtenir une meilleure rentabilité, pour les actionnaires et les ouvriers, Taylor a pris la citation de Lord Kelvin:

Si vous ne pouvez pas mesurer, vous ne pouvez pas améliorer.

Il a donc mesuré, chronométré le temps mis par les ouvriers pour réaliser les tâches.
Au cours de cette analyse, il remarque un certain chaos dans l'organisation même des différentes tâches pour obtenir l'objectif fixé.

Processus de mesure du temps suivant Taylor

Pour calculer les temps de réalisation des différentes opérations, les techniciens des méthodes utilisent une technique datant du début du XXeme siècle.

Elles se concentrent sur quatre points:

  1. la "flânerie systématique" et le système différentiel de salaires institué pour la combattre;
  2. Le chronométrage;
  3. La sélection de l’ouvrier;
  4. Une maîtrise fonctionnelle chargée essentiellement de «préparer le travail» ( bureau des méthodes que nous connaissons aujourd'hui).

Pour Taylor, la différence de rythme de travail entre les salariés, payés au forfait journalier, provient de la "Flânerie systématique". Selon lui, le manque de direction des travailleurs les poussent, de part leur nature, à en faire le moins possible (voir conclusion de Vauban).

On constate alors la diminution du rythme des meilleurs pour atteindre celle de la majorité du groupe. Pour lutter contre cet écart, il propose le système de salaire différentiel.

  • Si la production de base n’est pas atteinte= Salaire de base payé à l'ouvrier: S = sn
  • Si la production de base est atteinte: S = k x sn

→ sn le salaire normal
k un coefficient supérieur à 1, fonction de l’activité déployée.

Ce système conduisait à des excès et aujourd'hui il se retrouvent dans les systèmes de salaires dits à primes. Taylor conçoit les bases du chronométrage selon un certain nombre d’impératifs:

  • Diviser le travail en temps élémentaires.(Transformation du système de paie à la journée en un système de paie horaire)
  • Identifier les gestes et déplacements inutiles et les éliminer.
  • Analyser le travail des ouvriers les plus performants, les uns après les autres pour chaque tâche.
  • Identifier les gestes élémentaires et enregistrer leur durée.
  • Cibler le pourcentage nécessaire à additionner aux durées enregistrées pour combler les perturbations inévitables.
  • Identifier la part proportionnelle à augmenter pour les repos et évaluer les intervalles à instaurer pour diminuer la fatigue;
  • Recombiner les gestes élémentaires communs aux travaux de l'atelier et archiver la durée de ce groupe de mouvements.

Taylor dans la conception de son système organisa le travail en séparant la réalisation et préparation.

La phase de production assurée par les ouvriers comporte l'obligation de se conformer strictement aux définitions des tâches données par les préparateurs.

La maîtrise dite "fonctionnelle" ne participe pas directement à la réalisation des tâches. Son rôle consiste à vérifier l'application des données préparatoires et rectifier les dispersions, ils s'occupent en priorité des meilleurs qui profitent ainsi d'un meilleur salaire.

Les autres salariés, au vu des résultats obtenus par l'intermédiaire du salaire différentiel, sollicitent ou accueillent cette nouvelle démarche avec facilité.

La création des devis

La décomposition des temps de travail suivant la description du Taylorisme a permis, aux entrepreneurs de l'époque, d'évaluer le coût du produit fabriqué.

Les chefs d'entreprise pouvaient alors prédire le coût d'un produit à réaliser, sans avoir de gros écart entre la prédiction et la réalisation; c'est la naissance des devis.

La maîtrise fonctionnelle permet de relever les écarts entre les tâches prévues, contenues dans le document appelé "Gamme Opératoire", et les aléas de production.

La capitalisation des informations permet alors de maintenir les documents à jour, d'une part et de trouver des solutions à des problèmes récurrents.

Par exemple: lorsque un défaut semble mineur au premier abord, il devient plus conséquent quand nous avons la capacité de mesurer la répétition de celui-ci. L'évaluation économique par le système de Taylor, en prenant en compte la perte de temps, permet de budgéter la solution en vue d'éradiquer le problème identifié.

Conclusion

Le calcul des temps opératoires selon la méthode décrite par Taylor reste d'application encore aujourd'hui, même si le système de gestion de production est aujourd'hui fort décrié.
La raison des critiques négatives se trouvent dans la confusion avec le Fordisme.

Ford a utilisé la méthode de Taylor comme base de travail et l'a adapté à sa vision de la production en continu, elle même inspirée par l'observation du déplacement des carcasses de viande dans un abattoir.

Aujourd'hui encore, la base du système s'utilise dans le calcul des tâches lorsqu'on établit une VSM (Value Stream Mapping), dans le cadre d'une démarche Lean.

Le piège du système consiste à s'enfermer dans le calcul uniquement et oublier que le travail produit se réalise grâce à des personnes.

Taylor l'avait bien comprit en essayant de motiver les personnels par le salaire adapté à la quantité réalisée. Il a aussi bien capter l'importance de l'adéquation du poste de travail, avec les tâches qui l'accompagne, et les capacités, les compétences du salarié (identification des salariés les plus performants).

Il également tenu compte de la fatigue et des aléas de production, autrement dit, il avait bien identifier l'importance du contexte, c'est-à-dire des conditions de travail.